SNC CANIVET & GAUTHIER-CANIVET
L’article du 03 juin, B comme Brasserie, nous avait présenté le café de Madrid à Caen et essayait d’en situer le propriétaire. Une première hypothèse, le 18 juin dans P comme Pont de Juvigny, s’était révélé une demi-impasse.
Si la plupart de mes ancêtres paysans ou ouvriers n’ont pas laissé de traces de leur passage sur terre au delà des registres d’état-civil, la recherche d’un commerçant peut suivre d’autres pistes. Par nécessité, ce commerçant se livrera à de la publicité promotionnelle (une enseigne qu’on retrouvera sur une photo ancienne, un entrefilet dans un journal…) mais il ne faut pas oublier que la vie d’un commerce est aussi jalonnée de publicités légales, obligatoires. La lecture de ces annonces légales peut venir suppléer la généalogie.
Justement, une annonce légale du 06/11/1875 [1], publiée toujours dans le Bonhomme Normand, nous en dit davantage sur le Café de Madrid :
Louis, Prosper : comme mon ancêtre. La combinaison exacte de ces prénoms ne doit pas être si fréquente et laisse entrevoir des liens familiaux, si ce n’est de parrainage. Autre remarque : l’article de 1866 ne parlait que d’un seul CANIVET, pas de frères. Il y a peut-être eu une première modification sociale entre les deux dates.
La lecture des archives commerciales de la France (prédécesseur de l’actuel BODACC, bulletin officiel des Annonces Civiles et Commerciales) nous indique que [2] :
Qui est cette Dame GAUTIER née CANIVET citée dans l’annonce légale ? La sœur de cet autre Louis Prosper ? Sa nièce ?
Toujours dans le Bonhomme Normand, on trouve mention du mariage à Caen, le 7 septembre 1875, entre « Albert François GAUTIER, garçon de café, majeur, (demeurant) à Flers avec Mlle Théodorine Arseline CANIVET, sans profession, majeure, (demeurant) rue Saint-Jean ».[3] L’acte de mariage nous apprend qu’elle est la fille des défunts Théodore Prosper Octave CANIVET , limonadier, et Antoinette Olinda Abelina LENEVEU (° 1831 † 11/03/1873 Caen[4], elle-même fille d’un cafetier de Dozulé). Son oncle, Louis Prosper CANIVET, limonadier au « café de Madrid » est cité parmi les témoins.
Sans entrer dans un rébarbatif débat juridique, il faut se demander pourquoi il a fallu opérer cette modification durant l’été 1875, et donc identifier ce fait générateur daté du 14 juillet, la réponse pouvant être directement liée à la généalogie :
Cette annonce nous amène donc à lire directement les registres d’état-civil de Caen, précisément le 14 juillet 1875, sans même avoir à consulter les tables décennales. Et effectivement, c’est bien la date de décès de Théodore Prosper Octave CANIVET. L’acte nous apprend qu’il est le fils des défunts Louis Guillaume Prosper CANIVET et Jeanne Madeleine LECONTE. Il est né le 20 octobre 1830 à Tilly-sur-Seulles. Son frère, Louis Prosper, est né le 25 septembre 1826 également à Tilly. Sur ce dernier acte, l’ordre des prénoms de leur père est Guillaume Louis Prosper, il est boulanger et il faut citer le second témoin, Etienne Louis Victor CANIVET, cordonnier, 28 ans.
La boucle est bouclée ! Je connaissais déjà ce Guillaume CANIVET, boulanger, comme témoin au mariage et surtout comme frère d’Etienne CANIVET, l’aubergiste de Tilly-sur-Seulles, cité ci-dessus, mais aussi du Docteur Louis Marie Auguste CANIVET (celui du casque). On a donc deux cousins germains portant presque le même prénom : Louis Prosper, le limonadier du café d’Espagne, fils de Guillaume, et « mon » Louis Prosper Désiré, l’ancien combattant d’Algérie, fils d’Etienne .
A noter, pour finir, que la maison GAUTIER-CANIVET existe toujours vers 1895 puisqu’elle sert le repas des fêtes universitaires[5].
[3]Le Bonhomme Normand 10/09/1875
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En complément de cet article, je suis en train de préparer un tableau récapitulatif des CANIVET cités dans Les Archives Commerciales de la France