Mais qui était donc ce « favori de la fortune » en 1866, propriétaire du Grand café de Madrid à Caen (voir l’article B comme Brasserie)?
J’ai, parmi mes ancêtres directs, un couple d’aubergistes, Etienne CANIVET et Manille Constance LEGER, établis au « Pont de Juvigny » à Tilly-sur-Seulles (1) . Donc même catégorie socio-professionnelle, quelques années plus tôt, quelques kilomètres plus loin.
Un pont de pierre, reliant Juvigny-sur-Seulles à Tilly-sur-Seulles, est mentionné dès la fin du XVème siècle. Ce pont connut une importante circulation sous l’Ancien Régime, entraînant la construction aux abords d’une hôtellerie et d’un cabaret. Il fut, à l’origine, un point de passage privilégié et important pour les pèlerins se rendant au Mont Saint Michel. Un Hôtel Dieu était même implanté à Juvigny pour y soigner les pèlerins malades. À la fin du XVIIIème siècle, il connut également un fort trafic grâce au commerce de la chaux (les communes de Fontenay-Le-Pesnel, de Tilly-sur-Seulles et de Juvigny-sur-Seulles possédaient de nombreuses carrières de pierre calcaire et des fours à chaux très actifs). En 1850, la largeur du pont et du chemin y conduisant ayant été décrétée dangereuse, un nouveau pont est construit sans pour autant détruire l’ancien. Le “pont de Juvigny” a été classé aux Monuments historiques en 2006, étant certainement l’un des plus vieux ouvrages d’art existant encore dans le Calvados (2).
Le couple précité ne peut pas être directement concerné par l’annonce de 1866. Etienne CANIVET décède dès 1830 à Tilly-sur-Seulles et Manille Constance LEGER en 1851. J’ignore qui exploitait l’auberge suite à la mort du mari et surtout suite au décès de l’épouse, ni même d’ailleurs jusqu’à quand elle l’avait exploitée. Je ne leur connais qu’un seul fils, mon quadrisaïeul, mais celui-ci n’avait apparemment pas la vocation hôtelière. Dans les quelques actes le concernant, il n’est indiqué que comme retraité militaire. « Mon » Louis Prosper CANIVET s’est engagé dans l’armée à dix-neuf ans, ce qui le conduira en Algérie, mais il est libéré en 1850, avec une pension et un genou malade, suite aux intempéries et fatigues éprouvées en Afrique. Sa mère décède juste après son retour. Louis Prosper se marie avec Rose en 1852 (sur l’acte, sa femme ne porte pas encore le patronyme de VOISIN, elle ne sera reconnue par sa propre mère qu’en 1884). Elle lui donnera cinq enfants de 1852 à 1859 mais il abandonne le domicile conjugal avant la naissance du dernier. Dernière trace de « mon » Louis Prosper CANIVET : lors du mariage de son fils Georges, le 21/06/1884 à Mouen, il est indiqué qu’il est décédé. Reste à savoir s’il est bien mort ou s’il y a eu procédure d’absence, puisqu’il était disparu (3). Sa veuve s’est déjà remariée, en février 1866, à Pierre Placide VASNIER, débitant à Mouen. Rien qui laisse espérer que ce soit lui ce « favori de la fortune » en 1866.
S’il y a lien entre les deux familles, et ça reste probable, ce lien reste à établir. A suivre…
Auteur : C. Canivet (Lignée 026)
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[1] la localisation au “Pont de Juvigny” est fournie par l’acte de décès de Manille Constance LEGER le 08/04/1851
[2]fiche du Pont de Juvigny dans la Base Mérimée
[3]A l’issue de cette procédure, le disparu est réputé décédé, ce qui permet notamment d’ouvrir sa succession, et autorise le conjoint à se remarier.
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