Un cousin de la lignée 005, Bernard Hutin, a répondu présent au jeu de « nos anciens pendant la guerre ». Il nous livre ci-dessous l’histoire de son grand-père Marc Alexis CANIVET dont le parcours est emblématique de bon nombre de lignées Canivet : né en Belgique, il fondera une famille dans le nord de la France où il finira ses jours.
« Mon grand-père maternel, Marc Alexis Canivet est âgé de 21 ans lors du déclenchement de la première guerre mondiale, le 02 aout 1914.
Il était né le 17 décembre 1893 à Thuillies, au hameau de la Houzée, en Belgique, dans la province du Hainaut. Le village est à 18kms de Charleroi et moins de 15 kms de la frontière française. Son père, Charles Fernand Canivet y était cultivateur, sa mère, Angélique Joséphine Dupuis, était ménagère. Il est le petit dernier d’une fratrie de 5 enfants : Edgard né en 1884, Richard en 1888, Sidonie en 1890 et Blanche en 1891.
En ce début du mois d’août 1914, à la veille de ces heures difficiles qui attendent le peuple belge, Angélique , âgée de 55ans est veuve. Son époux, Fernand Canivet est en effet décédé le 03 janvier 1907 à l’âge de 45 ans. Toute la famille vit durement sous la férule d’Angélique dans la ferme familiale au hameau de la Houzée.
En 1913, grand-père, âgé de 20 ans, devient milicien. Toutes les classes de milice de 1899 à 1912 seront mobilisées dès le 31 juillet 2014, en plus de celle de 1913. Il est alors soldat de 2ème classe, sous le matricule 217. Son dossier mentionne que le 1er août 2014, il est présent dans la 1ère compagnie du 5ème régiment de Ligne.
Les dossiers des soldats de troupes belges ne sont pas très détaillés. On peut suivre néanmoins l’historique du régiment. Selon le plan de défense du pays, les troupes sont en garnison à Anvers avant guerre. Le 5ème régiment dont fait partie Marc Alexis fait route d’Anvers à Malines où il cantonne le 04 août. Le 05, il est à Lovenjoul où il stationne jusqu’au 12(1) . Un bataillon assure la garde du château de Corbeek-Loo , résidence de sa Majesté (le Roi Albert Ier).Grand-père Marc était bien à Lovenjoel près de Leuven (Louvain) : le 07 août, il y écrit une carte à sa mère et sa sœur. Le courrier arrive à la Houzée 9 jours plus tard, le 16 août. Il fait beau en ces jours d’été 1914 et les soldats sont heureux, trop heureux, juste le temps de donner une leçon à l’autre ; ensuite tous rentreraient sagement à la maison, grand-père comme les autres. Se doutait-il en écrivant à sa famille que cette guerre concernerait le monde entier.. ?
Le 13 août, Le 5ème régiment se porte sur Winghe -Saint-Georges pour organiser une position défensive. Dans la nuit, ordre est donné de se retirer vers Anvers, via Werchter. Il y prend position pour barrer les voies de communication. Le régiment résiste à l’attaque allemande jusqu’au moment où il reçoit l’ordre de rompre le combat. Il se dirige alors vers le fort d’Anvers où leur rôle sera d’attirer les troupes allemandes et de retarder leur progression au prix de pertes très nombreuses. Ensuite ce sera l’Yser à partir d’octobre…De cette époque, la famille a gardé précieusement le petit carnet noir de grand-père, repris par sa maman Angélique pendant les années 14-18. En voici quelques extraits :
01.08.14 « Mon cher Marc, toi parti, mobilisé, je continue ton carnet, mais pour moi. »
24.08.14 « … Marc, nous partons. Les français sont ici depuis 2 jours. Ils sont en rang de bataille face à notre pâture… »
2101.1915 « le canon tonne fort, on dit l’Yser repris… Où es-tu ? … Thuin est plein de gris Ulans et Chimay de même ; Oh s’ils pouvaient reculer ! »
Le 23 mai 1915, sa sœur Sidonie note dans le petit carnet noir : « maman reste sans parler et sans manger pendant 15 jours et le dimanche 23 mai à 8h du matin, elle meurt sans connaissance » et sans avoir revu son petit Marc…
(1) Musée Royal de l’Armée. Archives. Dossier Msk n°4458
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