Jacques, roi d’Ecosse par la grâce de Dieu, à notre cher et fidèle Nicolas Canivet de Dieppe en Normandie, secrétaire de notre cher parent Jean , Duc du royaume d’Albany,… ..il nous revient à l’esprit, notre cher Nicolas, ta loyauté et ton respect envers nous et le gouvernement de notre royaume, et aussi les autres services précieux et sûrs que tu as accomplis pour nous sans te lasser.. pour toi, les parents du côté de ton père et de ta mère et tes héritiers de l’un et l’autre, ceux issus d’un mariage légitime, nés ou à naître et leurs descendants, nous vous avons fait nobles d’entre les nobles de notre royaume…Nous vous accordons un trait rehaussé d’or parsemé de lys d’or placés à l’opposé les uns des autres sur le devant de la devise héraldique que nous avons donnée..Que vous puissiez utiliser ces marques de noblesses en tous lieux, à n’importe quel moment, pour en retirer tous les privilèges dont jouissent les nobles de notre royaume. Fait à Edimbourg sous notre grand sceau et notre signature manuscrite le vingt quatrième jour du mois d’octobre de l’année 1529 du seigneur et de la 17me année de notre règne (1).
Dans quelles circonstances, le roi d’Ecosse, James V, est-il amené à anoblir un dieppois en 1529? Ils ne sont pas nombreux à bénéficier de cet honneur et seuls deux étrangers sont cités par Arthur Fox (2): Nicolas Canyvet de Dieppe et un hollandais du nom de Sir Jacob van Eiden.
Les relations entre la Normandie les îles britannique, l’Ecosse en particulier, étaient nombreuses et cordiales depuis le 15e siècle déjà (3). De nombreux écossais s’étaient installés notamment à Dieppe. On peut supposer que l’équivalent existait en Ecosse et qu’à tout le moins, de nombreux dieppois faisaient le voyage. Ce fut sans doute le cas de Nicolas Canyvet ou Canivet.
Que savons-nous de lui ? Il semble issu d’une famille marchande dieppoise connue. Qu’elles qu’aient été les circonstances de leur rencontre, que Nicolas Canyvet se soit présenté au duc ou que celui-ci ait recherché un intermédiaire sur le sol français, Nicolas occupe sans doute peu temps après 1524 le poste de secrétaire du duc d’Albany. Celui-ci venait de quitter l’Ecosse pour la France et effectuera plusieurs missions diplomatiques auxquelles est mêlé Nicolas. En 1527, Il est déjà cité en tant que secrétaire dans une lettre écrite au duc en français par Marguerite Tudor (1489-1541) reine d’Écosse et mère de James V : « 23 mars 1527- « …Monsieur mon cousin, je suis advertie aujurd’huy, par votre serviteur et secrétaire Nicolas Canyvet, …au surplus, quant ès novelles, me déporte à vostredict serviteur Nicolas,… escit à Strimling, le XXIIIe jour de mars. Margareste » (4). Le duc d’Albany avait envoyé Nicolas en Ecosse pour rendre compte de l’avancement de la demande de divorce de la reine auprès du pape. Peut-être est-ce en remerciement des services rendus à sa mère qu’il sera anobli par James V, ou plutôt pour son rôle d’ambassadeur dans le cadre des négociations de se propres mariages.
En effet, le 26 août 1517, le traité de Rouen avait concrétisé une alliance militaire entre l’Ecosse et la France. La convention prévoyait, si cela était possible le mariage entre le futur James V (alors âgé de 5 ans) et une fille de François Ier. Il avait été signé entre autre par Jean Stuart (John stewart) duc d’Albany. C’est lui qui se chargera des négociations en vue de ce mariage. C’est d’abord Madeleine de Valois qui est pressentie mais elle est de santé fragile et on lui cherche une remplaçante.
La nouvelle fiancée pressentie est alors Marie de Bourbon et, en décembre 1534 Nicolas, secrétaire du duc d’Albany vient présenter au roi d’Ecosse le portrait exécuté par Jean Clouet. Son entourage hésite mais finalement, Le 3 juin 1535 James V écrit à François Ier qu’ « il avait entendu par Nicolas Canyvet que Marie de Bourbon était une fiancée possible » (5).
En 1536, John Stewart, duc d’Albany décède en France. Et on perd toute trace de Nicolas auprès des grands de ce monde .
A suivre
P. Licot GFC
(1) Reg. Mag. Sig., XXIV 263, 24oct 1529 James V.
(2)Arthur Charles Fox Davies, A Complete Guide to Heraldry Par, p145, livre numérisé par Google
(3) Michel Mollat, Le commerce maritime normand à la fin du Moyen Age, BNF, 3/1998.(arch. départ S.-I G 4557).
(4) A Teulet, relations politiques de la France et de l’Espagne au 16e s, 1862, Paris. Pièces et documents 1527.P.65 archives de l’empire supp. au trésor des Chartes J 965 n1.
(5) Hay, Denys, ed., Letters of James V, HMSO (1954), 280-281 Archives municipales, N°20 liasse
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