A LA BASTILLE!

Jackie Canivez (L.028),  avait signalé une BD racontant cette anecdote dans son Grand Livre 2010, p435.

Aujourd’hui c’est Christophe Canivet (L.026) qui la réinterprète pour vous :

 Et si Gavroche s’appelait CANIVET et pas Thénardier ?

Vous connaissez probablement le personnage des Misérables de Victor Hugo, jeune poulbot de douze ans, qu’on verra un peu partout sur les barricades de l’insurrection parisienne de juin 1832 et qui y perdra la vie. Il est possible que ce personnage de fiction ait été, au moins partiellement, inspiré par un porteur de notre patronyme qui s’est illustré lors de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

Louis-Sébastien CANIVET fait en effet partie des 954 vainqueurs de la Bastille, médaillés à ce titre, et dont la liste fut annexée au procès-verbal de la réunion du 16 juin 1790. L’adolescent était assurément un peu vantard, probablement gouailleur, mais il était bien là [i]

Pris de la Bastille . Dessin de Cholat

Voici ce qu’il ressort du premier rapport officiel :

« On a présenté à l’Assemblée un jeunes Garçon d’environ 13 ans, qui a dit se nommer Louis-Sébastien CANIVET, fils de CANIVET, jardinier au Grand-Gentilly.[ii] Ce Louis-Sébastien CANIVET a déclaré qu’il étoit monté le quatrième sur les murs de la Bastille et qu’il avoit promené le drapeau sur les tours de cette Forteresse au moment de sa conquête.

 L’Assemblée a arrêté que le nom de Louis-Sébastien CANIVET sera inscrit dans son procès -verbal , et que ce jeune garçon sera confronté aux Gardes-Françoises que l’on dit être montés les premiers à l’assaut , pour être distingué par une récompense, si son récit se trouve conforme à la vérité. »

 En note, l’éditeur indique :

« Les faits n’étoient point alors connus : CANIVET étoit un petit menteur ; il n’y a eu à la Bastille ni assaut, ni escalade, ni drapeau promené sur les tours. » [iii]

 

Certains auteurs, qui écrivirent alors que l’instruction était encore en cours, n’hésitèrent pas à enjoliver la version initiale :

« Le nommé Louis-Sébastien CANIVET, âgé de douze ans, fils d’un jardinier de Chantilli, entra le cinquième dans la bastille, courut sur le haut de la tour de la Bazinière où était arboré un drapeau, s’en saisit, & le promena avec hardiesse sur la plate-forme, au milieu des balles qui arrivaient jusques à lui . »[iv]

Hugo n’avait plus qu’à dire qu’une des balles atteignit son Gavroche…

photo Musées nationaux

photo Musées nationaux

Bien sur, tout ça n’exclut pas que l’auteur se soit aussi inspiré de La Liberté guidant le Peuple de Delacroix (1830) ^^

 

D’un point de vue généalogique, il s’agit très probablement de Louis Sébastien CANIVET (lignée 158), fils de Louis Jean Pierre et de Marie Geneviève Vaquart. Il était né le 19 juin 1776 à Arnouville-les-Gonesse (95) mais ses deux frères sont nés à Gentilly (94) en 1780 et 1783. La Famille est probablement donc à Gentilly en 1789, dans sa 13ème année.

Il épousera Marie Madeleine Cochard, originaire du village de Grenelle (aujourd’hui 15e arr de Paris) et ils auront 6 enfants dont les deniers naîtront à Corbeil (91). C’est là que Louis Sébastien décède le 22/05/1854, jardinier, comme l’avait été son père.

sign Louis S Canivet en 1820

sign Louis S Canivet en 1820

Lignée 158

 

D’après un texte de Christophe Canivet (lignée 026)-2015

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[i]   L’attribution des médailles a été précédée d’une instruction dont on retrouve les premiers éléments dans le Procès-verbal des séances et des délibérations de l’Assemblée générale des Electeurs de Paris, réunis à l’Hotel de Ville le 14 Juillet 1789…et depuis le 22 mai jusqu’au 30 Juillet 1789 avec la collaboration de M.Duveyrier, dont je me contente de rapporter les propos

[ii] Le Grand-Gentilly était une ancienne baronnie qui avait haute, moyenne et basse justice. Elle se différenciait du Petit-Gentilly, appelé aussi Hameau de la Glacière. Petit-Gentilly et Grand-Gentilly formaient ensemble le petit bourg de Gentilly. La commune se trouve actuellement dans la petite couronne parisienne, dans le département du Val-de-Marne, juste au-delà du périph’. Il ne faut donc pas la confondre avec Chantilly qui est bien plus loin, dans l’Oise.

[iii]Cette note date de 1790 et découle directement de l’instruction qui aboutit à la délivrance des médailles. La Bastille s’est rendue sans combat. Les émeutiers du 14 juillet étaient plus intéressés par les armes emmagasinées dans la forteresse que par les hommes qui s’y trouvaient. La postérité fera de la Bastille un symbole de l’arbitraire de l’Ancien Régime, évoquant notamment les lettres de cachet. Qui étaient les détenus le 14 juillet 1789 ? Quatre faussaires, un pervers et deux fous. Au nombre des idées reçues à propos de la Bastille, rappelons que la fête nationale française, le 14 juillet, commémore officiellement la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 et non la prise de la Bastille du 14 juillet 1789. Pour un détail de la journée du 14 juillet

[iv]On retrouve la même version chez NOUGARET-Anecdotes du règne de Louis XVI et PRUDHOMME-Révolutions de Paris du 12… Juillet 1789… au 12 Juin 1790

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